La livraison des denrées alimentaires, comme du reste n’importe quelle autre marchandise, s’effectue très souvent à n’importe quelle heure de la journée sans respecter les règles élémentaires de sécurité alimentaire et les normes en vigueur
La chaleur qui règne ces dernières semaines est réellement insupportable. «Les climatiseurs ne sont plus un luxe et nous les écoulons comme des petits pains. C’est cette marque qui est la plus demandée», nous confie le directeur des lieux, avec un large sourire qui s’est figé lorsque nous lui avons expliqué que nous sommes là pour lui demander pour quelle raison les piles d’eau minérale attendent sous un soleil de plomb, alors que l’on range des caisses dont nous ignorons le contenu. Sa réponse, bien entendu, n’était en rien convaincante. De toutes les manières, cette grande surface n’est pas du tout une exception.
La livraison des produits alimentaires, comme du reste n’importe quelle autre marchandise, pour gagner du temps, s’effectue à n’importe quelle heure de la journée.
Pourtant, dans les pays organisés, cette logistique se fait la nuit ou très tôt le matin, lorsque la circulation est moins dense, que le temps est plus clément et que les arrêts à répétition ne gênent personne.
Les véhicules qui transportent l’eau, des boissons ou d’autres denrée alimentaires, sont rarement réfrigérés. Et même s’ils portent un conditionneur, ce dernier ne fonctionne pas. Nous n’avons pas été les seuls à le constater.
Une étude effectuée à l’Université de Pise a affirmé que «des conditions de stockage médiocres, telle qu’une exposition prolongée à la lumière du soleil et des températures élevées, peuvent causer une infiltration de produits chimiques des produits PET dans le contenu liquide».
Mauvaises conditions de stockage des denrées alimentaire
Tous ceux qui sont allés en vacances au bord de la Méditerranée ont sans doute pu observer des palettes d’eau en plastique qui restaient des heures, voire des jours, au soleil avant d’être stockées dans un magasin ou chargées pour le transport «.Voilà la réputation que nous avons. En dépit de tout ce que l’on pourrait avancer pour nous défendre, cela dessert énormément notre prestige et la qualité des services».
Indépendamment de cet aspect, trois études européennes récentes ont montré «que les bouteilles en plastique PET risquaient de contenir des perturbateurs du système endocrinien et de libérer de l’antimoine, un produit chimique toxique. Il n’y a pas encore de preuves concluantes, mais il semble que les plastiques PET interfèrent avec l’œstrogène et d’autres hormones de la reproduction».
Ces études ont été effectuées à l’université Goethe de Frankfort et dans les universités de Pise et d’Heidelberg. L’une de leurs conclusions, c’est que plus le liquide reste dans la bouteille, surtout dans des conditions anormales, plus le niveau de contamination à l’antimoine est élevée. Lorsqu’on achète une bouteille d’eau ou une boisson gazeuse, on n’a aucun moyen de savoir si «les bouteilles PET ont été exposées au soleil et pendant combien de temps».
La conservation de nos produits est effectivement le dernier des soucis de nos producteurs comme de nos revendeurs. Que ce soit un épicier ou une supérette, un supermarché ou un Mall, l’insouciance est la même. Prenons le cas d’une livraison de produits laitiers provenant d’une unité de production.
Pour le producteur, son seul souci se limite à écouler sa marchandise. Que le véhicule qui les transporte soit doté d’un équipement frigorifique ou pas, cela importe peu pour lui. Pourtant, il porte bien en vue sur les deux côtés du camion le nom du producteur.
La marchandise par quarante degrés ou plus, avec des arrêts fréquents, a largement le temps de perdre ses qualités principales, comme la fraîcheur et le goût.
Arrivé à destination, le livreur dépose des palettes sur le trottoir, en attendant d’être rangées dans les vitrines réfrigérées.
Ces vitrines sont assez souvent mises hors fonction à la fermeture. Les produits passent la nuit à température ambiante et cela nous donne une idée des conditions qui règnent surtout en été.
Et pour finir, le matin, si quelques pots de yaourt sont gonflés pour cause de début de pourriture, un coup d’épingle et le tour est joué. Le client sera bon pour une diarrhée plus ou moins grave, surtout lorsqu’il s’agit d’un enfant.
Rupture de la chaîne de froid
Cette rupture de la chaîne du froid s’est accentuée ces dernières années, faute de contrôle sérieux des véhicules qui transportent des produits alimentaires, viandes rouges ou blanches, poissons, plats préparés, etc, qui sont traités avec la même insouciance.
N’oublions pas les livraisons des plats préparés par les transporteurs en motocyclette qui mettent leurs commandes à livrer dans un caisson qui ne protège pas de la chaleur.
Où est la protection des consommateurs ? Ces gens gagnent assez d’argent pour s’équiper en conséquence. Et où est le docteur Hakim qui devrait faire comprendre aux consommateurs les risques qu’ils encourent ?
Le lancement des véhicules équipés de matériels frigorifiques a été décidé pour justement protéger le consommateur et permettre une conservation répondant aux normes requises.
En effet, les normes varient selon la nature de la marchandise transportée. Les laitages sont soumis à des normes autres que le poisson, par exemple. Les produits congelés n’ont rien à voir avec ceux qui sont surgelés. Le respect de la chaîne du froid est primordial pour préserver la qualité et protéger les consommateurs.
Intoxication alimentaire
Un médecin nutritionniste est catégorique à propos du respect de la chaîne du froid : «La rupture de la chaîne du froid implique des risques d’intoxication alimentaire, majoritairement bénignes. Néanmoins, le dépassement de la température peut entraîner la prolifération de certains germes et bactéries pathogènes». C’est clair. Il va sans dire que les producteurs, pour leur majorité, n’assument en rien la responsabilité qui est la leur. Que dit la loi à ce propos ?
Alors que l’on remet en question bien des idées reçues en ce qui concerne les emballages, les récipients en plastique, que l’on s’ingénie à raccourcir les distances et les délais de livraison, que l’investisseur est attentif aux conditions de stockage qui permettent de mettre en place des prévisions qui tiennent la route, nous avons escamoté une bonne partie de ces précautions qui protègent et améliorent la qualité les services tout en faisant preuve d’une certaine léthargie en ce qui concerne les précautions à prendre pour préserver la santé du consommateur.
Il nous semble que la mise en place de brigades mobiles outillées pour verbaliser et saisir ces produits de consommation exposés sur les trottoirs, ou transportées dans des conditions aussi insalubres que déplorables, serait utile.